Floriane Liborio : Un retour plein de maturité
Pour cette personnalité dynamique, tout a commencé au club de Villeneuve-Tolosane auprès de Patrice et Isabelle Tafial. « Ce sont eux qui m’ont initiée. Ce devait être l’année de mes onze ans. Ce qui fait que je persévère ? J’ai vu rapidement que j’étais à l'aise. J’ai toujours eu des facilités en sports collectifs et en sports de combat. Patrice a vite repéré chez moi des qualités, aussi bien athlétiques que dans la capacité à apprendre rapidement. Il m’a rapidement proposé de faire de la compétition : niveau local, puis régional, et je me qualifie ensuite pour les championnats de France. Là, je perds au premier tour… et je crois que ça a été un déclic. Je me revois tétanisée sur mes jambes. Ça a créé beaucoup de frustration chez moi et je me suis mise à travailler deux fois plus. » Junior, les choses vont alors prendre de l’amplitude. « J’ai une âme de compétitrice, que je dois aussi à mon éducation, notamment la valeur de la persévérance que l'on m'a transmise. Et puis, j’ai toujours voulu être la meilleure, battre les autres, partout, même quand je joue aux jeux de société. (sourire) » Après une finale en juniors dès sa première année dans cette catégorie d’âge, elle a « commencé à identifier ce qui (me) manquait pour être championne de France juniors l'année suivante. J'ai redoublé d'efforts avec Patrice Tafial, soutenue par mon père (professeur d'EPS, NDLR). J'avais identifié que, physiquement, j'étais limite, donc j'ai fait un gros travail sur le cardio pour pouvoir tenir tous les rounds. Ça marche puisque je deviens championne de France l’année suivante. » De quoi lui ouvrir les portes de l’équipe de France, celles du CREPS de Toulouse avec Yvan Frezouls, puis du pôle d’Aix-en-Provence, avec un travail sur le plan mental. « Nous sommes en 2009, j’ai vingt-et-un ans, et c’est alors un peu l'année de la dernière chance avec des résultats moyens jusque-là et des blessures. Avec Myriam Baverel et Mehdi Bensafi, je découvre une autre approche qui m'aide à formaliser les étapes intermédiaires pour atteindre mes objectifs. Je sais alors pourquoi je suis là, je sais où je veux aller. » Un premier titre de championne de France seniors puis l’or européen dès 2010, suivis d’une entrée à l’INSEP… « Les planètes s'alignent. On dit souvent que, dans une carrière, il y a une part de chance et, en même temps, je veux croire qu’elle se convoque. » Elle accrochera un autre sacre continental en 2012, deux autres podiums européens (2014, 2016), après une médaille mondiale (2013), et mettra un terme à sa carrière un an après les Jeux de Rio, fin 2017, en ayant joué la qualification dans la catégorie supérieure à la sienne.
Cap sur une exploitation agricole
« J'ai fait tout ce que je pouvais à ce moment-là. Je n'ai pas de regrets. Mais je me suis rendu compte, lors d’un retour de compétition, que le plaisir avait disparu et que je rechignais à aller à l’entraînement », comme elle le confiait alors à Anne-Caroline Graffe, sa binôme de chambre de toujours. En fin de contrat avec l’armée – « qui m’a soutenue jusqu’au bout » tient-elle à préciser, elle va terminer ses études de commerce à l’École de Management de Grenoble, avec un programme à distance en partenariat avec l’INSEP. En plus de sa licence STAPS mention entraîneur, son Master 2 en passe d’être validé, Floriane a « soif de liberté ». Quitte à surprendre : après une formation en agroécologie et agriculture urbaine, c’est une entreprise de maraîchage, le Potager du Grand Paname, qu’elle co-fonde en mars 2019 au Nord de l’Île-de-France, avec un modèle axé sur la production et sur des activités pédagogiques. « Un projet proche de l’environnement, avec du sens sur le plan social et humain, et un retour aux sources aussi quelque part, avec mes arrière-grands-parents issus de la campagne. » Une reconnexion à soi-même aussi, pour cette altruiste qui continue à encadrer les jeunes de l’INSEP pendant quatre ans en tant que surveillante au bâtiment des mineurs. « Créer de l’esprit solidaire et le collectif ont toujours été des préoccupations pour moi, même dans mon sport qui est individuel. Quand on est sportif de haut niveau, on est très centré sur soi. Et à un moment donné, je ne m'y retrouvais plus. Donc un projet humain, et tourné vers l'autre, qui fasse du bien à l'humanité et à la Terre, ça s’est imposé. Cette expérience et cette coupure m’ont fait du bien, m’ont appris beaucoup de choses. Il n'y a rien de mieux que de créer son propre business pour monter en compétence. »
« Créer de l’esprit solidaire et le collectif ont toujours été des préoccupations pour moi, même dans mon sport qui est individuel. Quand on est sportif de haut niveau, on est très centré sur soi. Et à un moment donné, je ne m'y retrouvais plus. Donc un projet humain, et tourné vers l'autre, qui fasse du bien à l'humanité et à la Terre, ça s’est imposé. Cette expérience et cette coupure m’ont fait du bien, m’ont appris beaucoup de choses. Il n'y a rien de mieux que de créer son propre business pour monter en compétence. »
Retour dans le giron
Avec sa prise de fonction en tant que conseillère technique nationale en septembre dernier, la transmission va prendre de l’ampleur et la pétillante trentenaire apporter son enthousiasme au sein de la DTN de la FFTDA. « J’ai sollicité Patrick Rosso en lui disant “Je suis prête et ça me ferait plaisir de passer par la porte d'entrée taekwondo pour redonner au sport et au taekwondo ce qu'il m'a apporté." Lui et la fédération m’ont fait confiance et accompagnée pour décrocher mon professorat de sport obtenu l’an passé. Patrick Rosso a négocié avec la direction des Sports pour que je rejoigne la DTN. » Avec deux missions. « La principale qui est de coordonner et de piloter le dispositif PAHN, le Programme d'Accession au Haut Niveau, pour la détection des jeunes, créé par Myriam Baverel. L’autre est de coordonner le Diplôme Fédéral de Performance (DFP), une formation à destination des éducateurs et des éducatrices de clubs qui veulent accompagner leurs athlètes vers le haut niveau. Il s’agit ainsi de former les jeunes aux exigences du haut niveau, et de faire cette passerelle qu'il y a entre les clubs et les structures de haut niveau. »
La principale qui est de coordonner et de piloter le dispositif PAHN, le Programme d'Accession au Haut Niveau, pour la détection des jeunes, créé par Myriam Baverel. L’autre est de coordonner le Diplôme Fédéral de Performance (DFP), une formation à destination des éducateurs et des éducatrices de clubs qui veulent accompagner leurs athlètes vers le haut niveau.
Olivier Remy / Sen No Sen